En prospection comme en inbound, il y a une vérité que tous les commerciaux apprennent avec le temps : le mauvais lead coûte plus cher que l’absence de lead. Il fait perdre du temps, démotive les équipes, alourdit le pipeline, crée des frictions entre marketing et vente, et finit souvent par un taux de conversion en chute libre.
1. Comprendre ce qu’est vraiment un lead qualifié
Avant de qualifier un lead, il faut définir ce qu’on appelle un bon lead.
Trop d’équipes confondent intuition commerciale et qualification structurée.
"Je le sens bien" ou "il a posé beaucoup de questions" ne sont pas des critères.
Un lead qualifié (SQL) est un lead qui coche des critères clairs, définis en amont, et partagés entre marketing et vente.
Ce que ça implique :
- Formaliser les critères qui permettent à un MQL de devenir SQL
- Les rendre objectifs, mesurables, applicables par tous
- Les inscrire dans un process clair et écrit
2. Définir des critères de qualification rationnels
Pour mettre fin au flou, il faut poser noir sur blanc ce qui fait d’un prospect une opportunité sérieuse. On peut utiliser la méthode BANT, simple et éprouvée, comme base de réflexion :
- Budget : le prospect a-t-il une enveloppe allouée ?
- Authority : la personne contactée a-t-elle un pouvoir de décision ou d’influence ?
- Need : y a-t-il un besoin identifié et prioritaire ?
- Timing : est-ce le bon moment dans son cycle d’achat ?
Ces critères ne sont pas figés. On peut y ajouter des éléments contextuels :
- Taille de l’entreprise
- Niveau de maturité digitale
- Pain point exprimé
- Usage actuel d’un outil concurrent
Outils pour structurer ça :
- Fiche de qualification partagée entre équipes (Notion, Google Sheets)
- CRM avec scoring intégré (HubSpot, Pipedrive, Salesforce)
- Lead scoring automatisé avec Clearbit, Kaspr ou Dropcontact enrichi
3. Réaliser un appel de qualification : pourquoi et comment
L’un des moyens les plus efficaces pour qualifier un prospect, c’est le premier échange téléphonique.
Pas pour vendre, mais pour comprendre. Si l’appel est bien amené, il est naturel pour le prospect, car il fait suite à une marque d’intérêt (formulaire, téléchargement, demande de démo…).
Ce que cet appel permet :
- Valider ou invalider les critères de qualification
- Identifier les signaux d’achat (clarté du besoin, urgence, posture)
- Recueillir des infos clés utiles pour la suite de la vente
- Initier une relation de confiance (sans pression, sans pitch direct)
- Offrir une première expérience positive du contact avec l’entreprise
Ce premier échange peut durer 10 à 15 minutes. Il ne vise pas à closer, mais à filtrer, informer, préparer.
4. Questions à poser pendant l’appel de qualification
Les questions doivent rester ouvertes, neutres et orientées compréhension.
Voici un canevas de base, inspiré de la méthode BANT :
Besoin
- "Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à ce sujet en ce moment ?"
- "Quels sont les enjeux principaux que vous cherchez à résoudre ?"
Timing
- "À quelle échéance imaginez-vous avancer concrètement ?"
- "Est-ce un projet prioritaire pour cette année ou plutôt pour plus tard ?"
Décision
- "Qui est impliqué dans la décision chez vous ?"
- "Comment ce type de choix est-il habituellement arbitré ?"
Budget
- "Est-ce une ligne déjà budgétée ou un besoin encore en discussion ?"
- "Sur quel périmètre de budget cela se rattache-t-il chez vous ?"
Ne pas hésiter à reformuler et à creuser. L’objectif est de poser un diagnostic, pas de faire dérouler un script.
5. Interpréter les réponses pour agir
À la fin de l’appel, il faut être capable de répondre à une seule question :
Est-ce que ce lead mérite d’entrer dans un processus de vente ?
Si oui :
- On passe le relais au commercial ou on structure la suite du cycle
- On peut enrichir son CRM avec les infos récoltées
- On personnalise la prise de contact à venir (démo, RDV, etc.)
Si non :
- On place le prospect dans une séquence de nurturing
- On peut lui envoyer des contenus ciblés, suivre ses signaux d’engagement, et le requalifier plus tard
- S’il n’est pas du tout pertinent, on le sort du pipe
L’enjeu n’est pas de "trier les bons des mauvais", mais de faire correspondre le bon niveau de maturité au bon type d’action.
6. L’impact d’une bonne qualification
Les bénéfices d’un process de qualification rigoureux sont immédiats :
- Gain de temps commercial sur des leads réellement intéressés
- Meilleur taux de transformation
- Alignement marketing/ventes
- Moins de démotivation liée aux rendez-vous "dans le vent"
- Expérience prospect plus fluide et professionnelle
Une mauvaise qualification fait perdre du chiffre d’affaires et de la crédibilité.
Une bonne qualification permet d’en gagner, même sans changer le volume de leads.